Séance exceptionnelle du séminaire SPE autour du travail de Brett Christophers, Université d’Uppsala, professeur de géographie et spécialiste d’économie politique.
Pour une séance autour de ses dernières recherches tirées de ses derniers ouvrages: Our Lives in Their Portfolios:Why Asset Managers Own the World (Verso, 2023) et Rentier Capitalism: Who Owns the Economy, and Who Pays for It? (Verso, 2020),
le 11 mai 2023, Salle P 503 de 14h à 16hUniversité Paris-Dauphine, PSL
Dans Rentier Capitalism, l’économiste politique et géographe économique Brett Christophers affirme que le Royaume-Uni a vu la montée en puissance du capitalisme rentier, structuré autour du contrôle et de l’exploitation de diverses formes d’actifs rares.
Depuis la crise financière mondiale survenue il y a plus de dix ans, les banques ont pris du recul. Aujourd’hui, considère-t-il dans son dernier livre Our Lives in Their Portfolios, nos nouveaux maîtres financiers sont les gestionnaires d’actifs, comme Blackstone et BlackRock. Et ils ne possèdent pas que des actifs financiers.
Les routes sur lesquelles nous roulons, les canalisations qui nous fournissent de l’eau potable, les terres agricoles qui nous nourrissent, les systèmes énergétiques pour l’électricité et le chauffage, les hôpitaux, les écoles et même les maisons dans lesquelles beaucoup d’entre nous vivent, tout cela gonfle désormais les portefeuilles d’investissement des gestionnaires d’actifs, qui sont de plus en plus volumineux.
En tant que propriétaires d’un nombre croissant d’éléments de base de la vie quotidienne, les gestionnaires d’actifs façonnent la vie de chacun d’entre nous de manière profonde et inquiétante. Dans cette suite révélatrice de Rentier Capitalism, Brett Christophers lève le voile sur la “société des gestionnaires d’actifs”.
Il montre que les gestionnaires d’actifs ne sont pas des propriétaires traditionnels de logements et d’autres infrastructures essentielles. Achetant et vendant ces actifs vitaux à un rythme effréné, le cœur de leur modèle d’entreprise n’est pas l’investissement à long terme et la conservation minutieuse, mais la réalisation de profits rapides pour eux-mêmes et les investisseurs qui les soutiennent.
Dans la société des gestionnaires d’actifs, les environnements naturels et bâtis qui nous soutiennent deviennent un moyen supplémentaire de siphonner l’argent du plus grand nombre au profit de quelques-uns.
Brett Christophers est aussi l’auteur de The New Enclosure: The Appropriation of Public Land in Neoliberal Britain (Verso, 2018)
Lire le compte-rendu par Marie Piganiol
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
clairebeaugrand (24 avril 2023). Séance exceptionnelle du séminaire SPE autour du travail de Brett Christophers, le 11 mai 2023. Sociologie politique de l'économie. Consulté le 9 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/uiyf